Les vacances de la Troupe du Malin chap 20

Chapitre 20: Petit papa Noël...

Banderlyche et Serville ont ouvert une porte et se retrouvent maintenant dans une sorte de grande galerie commerciale, ce qui fait la joie des filles qui commencent à faire les boutiques. Petit polo en cachemire, petites bottes fourrées teeeeeeeeeeeeelllement jolies, et bien sûr, ce splendiiiiiiiiide petit chemisier qui n’attendait qu’elles. Bref, les filles ont totalement zappé le pourquoi de leur venue ici quand une musique dans les haut-parleurs les rappelle à la réalité.
- Serville... Tu Entends ?
- Oui, un chant de noel.
- C’Est Fou Ca, C’Est Un Souvenir De Noël De Félicor !
- Mais euh... Y’avait noel sur Mars ?
- Faut Croire...

Décidées à tirer ce mystère au clair, voilà les filles parties pour trouver un début d’explication. Elles ne tardent pas à tomber, au milieu de la galerie marchande, un stand de père noel. L’ambiance est joviale, doucereuse, avec des petits lutins et des petits enfants qui font la queue pour se faire prendre en photo avec le “papa Noël”... C’est immonde. Elles ne peuvent pas laisser passer une telle occasion ! Se faufilant dans la foule, elles foncent droit sur le père noël et lui arrachent sa fausse barbe, et se sauvent en courant comme des enfants. C’est pourtant vrai, Noel, c’est magique ! Dans la foule disciplinée, la réaction ne s’est pas faite attendre, mais les filles sont déjà trop loin pour entendre les vitupérences, villipendages, et autres admonestations de la horde des bambins qui, sachant parfaitement que ce n’était pas le vrai père Noël (ben oui, parce que le vrai, il achète mes cadeaux, il peut pas tout faire !), voulaient quand même leurs photos mille tonnerres !

Les malines, elles, sont parties se réfugier dans une boutique de chocolats, et en profitent d’ailleurs pour se faire un petit brunch. Le trophée barbu traîne nonchalamment sur la table. Cela leur rappelle le bon vieux temps.
- C’est fou comme en fait, Noel c’est très surfait comme...
- Serville ! Regarde !

Les fixant droit dans les yeux, un petit garçon à l’air un peu absent ne bouge pas. Les filles comprennent aussitôt.
- Aïe... Boulette...
- Félicor, commence Banderlyche... Euh... On Est Désolées...
- Vous êtes marrantes, dit le petit garçon en souriant soudainement.
- Ah bon ?
- Oui. Le faux père Noël était tellement en colère qu’il est devenu aussi rouge que son habit, c’était très marrant. J’avais jamais vu ça avant !
- Mais dis-moi, dit Serville, tu... Connais Noël ?
- Ben oui, depuis que je suis ici.
- Ah... Et... Depuis Quand Tu Es Ici ?
- Environ un ou deux siècles.
- Hein ? Mais... Tu As Quel Age ?
- Vous voulez dire... Ici ? Ou dehors ?
- Attends un peu, dit Serville, tu as conscience que tu es un souvenir ? Et tu sais qu’il y a un “dehors” et un “toi” plus vieux ?
- Évidemment les filles, les souvenirs sont en quelque sorte connectés entre eux, c’est d’ailleurs pour cela que je me suis perdu dedans, ils se sont mélangés facilement car trop connectés.
- Et ce type dans le donjon ?
- Lui ? C’est un ersatz de moi. Il n’est pas dangereux, juste dingue.
- Rassurant !
- Oh oui, il veut juste devenir moi. mais c’est pas possible, il est déjà moi...
- J’ai rien compris !
- Pas grave Serville.
- Et Toi ? Je Veux Dire, Le Grand Toi, Il Est Où ?
- J’en sais rien, je me recherche aussi vous savez. C’est gentil de m’aider d’ailleurs.
- Oui, ben on le fait parce que le vieux là, il nous a dit que tu étais en danger ! Mais si c’est pour rêvasser au temps de Noel, on va te ramener à grand coups de pieds aux... Félicor ?

Le jeune Félicor a disparu. Toute la galerie marchande est vide d’ailleurs, et la boutique de chocolat aussi. Il règne maintenant un silence funeste des plus dérangeants. Le souvenir est vide. Lui si riant une seconde auparavant, il est maintenant effrayant, même pour des démons. Car il est devenu la représentation du pire danger des enfers: ce souvenir est vide de sens et d’émotions. Pour les filles, il n’y a plus rien à faire dans un souvenir vide. Il est temps de partir.